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Dossier - Patrimoine : quelle histoire !
Cultiver notre jardin partagé
« Un bien n’est agréable que si on le partage », disait Sénèque. Cette pensée antique résonne de manière incroyable en nous. Nous vivons sur un véritable trésor, plus vrai que nature, empreint de beauté, d’histoire et de douceur. Mais à quoi bon retenir notre patrimoine derrière une vitrine ? Alors, mettons la main à la pâte à galette, le pied sur un voilier, l’autre prêt à randonner et gardons un oeil sur notre passé ; le patrimoine cultivons-le, cultivons-nous !
Ce qui nous lie
Des maisons à pans de bois du vieux Vannes aux manoirs du pays vert, des rives du Morbihan aux remparts, des marais de Séné à l’archipel du Golfe : tous ces éléments bâtis et naturels qui constituent notre environnement dialoguent, se complètent pour faire corps.
La récente labellisation de l’agglomération en Pays d’art et d’histoire par le ministère de la Culture est venue confirmer l’existence de ce cadre de vie exceptionnel à l’échelle de nos 34 communes. « C’est l’occasion d’écrire notre récit de territoire, à travers notre histoire et notre patrimoine commun, se réjouit Fabien Le Guernevé, délégué au patrimoine à l’agglomération. Cette appropriation du territoire par les habitants passe par les nombreuses propositions de médiation du Pays d’art et d’histoire. »
Pour prendre soin de notre héritage commun, l’agglomération est en effet engagée dans une démarche active au service de la connaissance, de la préservation et de la transmission. C’est à Limur (centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine) que les visiteurs sont invités (gratuitement !) à déambuler, manipuler, jouer pour découvrir l’évolution du territoire et de son habitat à travers ses expositions. Soirées décalées, escape game, ateliers scolaires ou en famille et visites guidées sont organisées dans et hors Limur pour ne laisser personne de côté. Le néolithique d'ailleurs, est à l'honneur cet été avec de nombreuses propositions d'atelier autour des peintures rupestres, de l'étude des pollens ou encore de la biodiversité présente sur les dolmens.
DES JEUX, DES GESTES
Admirer la plage depuis l’eau sur un kayak de mer, parcourir les landes de Lanvaux à vélo ou débusquer les plus beaux oiseaux des marais par des chemins sur pilotis… notre territoire est un terrain d’immersion et d’aventures sans limites pour qui raffole de nature. Afin de mieux connaître cet environnement, l’application Mys’Terre du Golfe invite les familles à partir en autonomie sur les chemins de traverse pour mener l’enquête tout en s’amusant et découvrir les pépites historiques et naturelles du territoire.
Parce qu’un patrimoine figé, se meurt, l’agglomération accompagne aussi financièrement la restauration du patrimoine bâti (le lavoir circulaire de Trédion, la cloche de l’église de Larmor-Baden…) avec une attention portée à l’esthétique, au choix des matériaux durables et à la perpétuation de gestes ancestraux. Des savoir-faire centenaires qui ont fait leur preuve et qui, réappropriés, deviennent aussi de véritables signatures architecturales. C’est le cas du nouveau centre d’interprétation dédié à l’huître, Ostréapolis et de sa façade en tuiles chaulées, symbole de tout un pan du savoir-faire ostréicole.
Sur l’eau, l’agglo travaille à faire perdurer l’existence de bateaux d’intérêts patrimoniaux, en soutenant leur restauration et en accompagnant leur navigation. Mais c’est aussi à travers des événements festifs comme le fest-noz à l’Aquagolfe ou la Semaine du Golfe que l’agglo entretient le lien avec ses racines bretonnes. L’émotion et le partage : les ingrédients pour faire de chacun les ambassadeurs d’un territoire hors du commun…
Des racines bien vivantes
De la frange littorale aux landes de Lanvaux, notre territoire est riche de près de 550 sites mégalithiques d’une diversité architecturale et d’une densité hors du commun. Ces monuments colossaux en pierre, érigés par l’Homme entre le 5e et le 3e millénaire avant notre ère, notamment dans une volonté funéraire, font l’objet du plus grand soin de l’agglomération. Pour préserver ce patrimoine exceptionnel mais fragile et le transmettre aux générations futures, l’agglomération s’est engagée dans la candidature UNESCO des Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan. Dispositifs d'aides financières pour l’aménagement des sites, programmes d’entretien des monuments, actions de sensibilisation à destination des scolaires et du public, protection des sites dans les documents d’urbanisme… sont au coeur de son champ d’action.
Témoignages
Notre territoire regorge de savoir-faire uniques et ancestraux toujours vibrants !
Ce patrimoine immatériel vit et se transmet au fil du temps grâce à des personnalités ou associations.
Rencontre avec ces passeurs de talent !
Maryvonne, association des conteurs du Golfe « Les histoires resteront ! »
« Fondée en 2010, notre association constituée de conteurs et de musiciens se déplace sur le territoire partout où l'on a envie de rêver pour proposer des veillées ou des balades contées. Chacun à notre manière, nous perpétuons cette tradition orale bretonne des veillées que l’on faisait le soir autour du feu ou sur le pas de la porte. Nous avons la chance d’avoir une matière foisonnante : la Bretagne a été un terreau très riche pour les collecteurs d’histoires ! Nous transmettons un patrimoine qui vient de loin. Et cela continuera après nous. Nous ne sommes finalement que des passeurs, les histoires elles, resteront ! »
Serge et Rozenn, association Jean et Jeanne « Transmettre la richesse de notre matrimoine et patrimoine maritime »
« Dans l’histoire sinagote, les femmes étaient des actrices essentielles de la communauté de pêcheurs, et chose rare ; elles étaient reconnues comme telles ! Notre association et notre réplique de Sinago « Le Jean et Jeanne » nous permettent de partager le plaisir de la navigation, de transmettre les gestes et d’encourager les femmes à prendre la barre. Pour nous, la pratique de la voile traditionnelle est synonyme d’une ambiance jeune et joyeuse, comme Jean et Jeanne ! »
Yves Le Berre, danseur « Ce que l’on m’a transmis, je veux le transmettre à mon tour ! »
« La danse, je l’ai découverte tard, lors d’un fest-noz. En voyant les gens danser, je ne peux l’expliquer, j’ai ressenti quelque chose d'inédit. Dans ces rondes, le collectif passe avant l’individu. C’est mon élément et c’est notre identité ! Je partage cette passion dans les écoles maternelles de Vannes. L’air de rien, avec des petites chansons, des scénarios, des jeux, je leur transmets quelques pas de danses bretonnes, le pas d’écolier, le pas chassé… Hors cadre scolaire, j’enseigne aussi la danse aux enfants à partir de 6 ans dans des cercles celtiques en costume, nous participerons bientôt au Festival interceltique de Lorient avec 800 autres enfants ! »
Ateliers Jehanno : le patrimoine dans les veines
Sur l’Arc de triomphe, au Grand Palais ou sur les maisons à pans de bois du vieux Vannes, c’est l’histoire de trois frères qui, avec leurs menuiseries, se faisaient une place dans la grande histoire. Dans la famille Jehanno, le bois, on le travaille depuis 4 générations. Spécialiste des fenêtres et de la charpente traditionnelle, l’entreprise, installée à Locqueltas, a rapidement fait ses preuves sur des chantiers patrimoniaux prestigieux grâce à son travail minutieux.
Dans cet atelier de près de 50 salariés aujourd’hui, le sur-mesure, c’est la norme. « Il y a une importante phase de recherche et de préparation avec l’architecte pour dessiner les meubles, les ornements à l’identique, selon les époques, les styles… », détaille Olivier Jehanno, l’un des frères associés. Le challenge est ensuite de produire et tailler ces pièces uniques dans des planches brutes en les réadaptant aux contraintes modernes (double vitrage, sécurité, isolation…). Château de Coëtcandec, chapelle Saint-Clément d’Elven, couvent des soeurs de la Charité ou Chapelle Saint- Yves à Vannes… les chantiers ne manquent pas mais l’attention pour chaque restauration reste intacte. « On est très fiers, avec nos équipes de poursuivre un travail engagé il y a parfois plusieurs centaines d’années. On a beaucoup de respect pour ce qui a été fait, et, on espère bien que dans 4 générations ou plus, on se dira, que, ce qu’on a laissé, c’était du travail sérieux ! »
Breizh’tronomie ou comment manger la Bretagne ?
Mercredi, 10 heures. Rendez-vous est donné place de l’hôtel de Ville à Vannes pour une balade aussi atypique qu’alléchante. Bertrand, « compagnon gourmand », guide les visiteurs du jour, un couple de Dunkerquois et un couple d’Américains, à travers les ruelles étroites de la vieille ville en partageant généreusement ses adresses gourmandes fétiches et quelques pépites à base de sarrazin ou d’algues qu’il sort de sa botte secrète.
Ce professionnel du tourisme a pris le parti, depuis 2021, de faire goûter la Bretagne aux touristes grâce à ses food tours à Auray, Vannes ou à travers le Golfe. Un concept pur beurre qui séduit et qui a permis à Breizh’tronomie d’étoffer son équipe. « La gastronomie bretonne a deux spécificités : la simplicité des plats, basée sur la qualité des produits bruts et la transmission », détaille Bertrand aux gourmands. Du secret de la galette bien faite chez Dan Ewen à l’huître bien élevée de Gwenaël Le Labourier en passant par les fabuleux nuages au sarrazin de Gege, les visiteurs poussent les portes de restaurants, naviguent dans la halle aux poissons et s’attablent aux étals du marché à la rencontre de producteurs et cuisiniers passionnés. Et surtout, ils goûtent, histoire de repartir certains d’une chose : « Plus c’est breton, plus c’est bon ! »
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breizhtronomie-food-tour.com
Drôle d’oiseau sur les flots
C'est, d’ordinaire, un oiseau de mauvais augure, mais celui-là fait figure d’exception. Avec ses 12 mètres de long et son imposante voilure, le Corbeau des mers, est, lui, symbole d’éclaircies. Répondant présent à l’appel du général de Gaulle, le langoustier embarquait le 26 juin 1940 pour l’Angleterre, avec, sur son pont, 28 Sénans. Le bateau, classé monument historique en 1991, coule désormais des jours paisibles sur le Golfe. L’heure de la retraite n’a pourtant pas encore sonné pour ce vieux gréement appartenant au musée de la Résistance de Saint-Marcel (Communauté de communes Oust à Brocéliande) et confié à 47° Nautik, les bases nautiques de l’agglomération (Arradon, Baden, Séné). Chaque saison, le coeur de près de 900 passagers chavire lors de balades à bord de ce voilier d’exception où chacun peut, l‘espace de quelques heures, se sentir matelot en participant aux manoeuvres. Sorties scolaires, croisières historiques autour de la Résistance et virées dégustations sont autant d’occasion, pour les touristes comme les locaux, de naviguer sur ce bijou d’histoire aux nombreuses vies… Et, cerise sur le bateau, Éric, patron du voilier, est intarissable sur l’histoire du Corbeau des mers et les anecdotes des îles du Golfe.
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www.47nautik.com/balades
Greeters : à chaque baladeur son Séné
Ce petit groupe de 7 Sinagots promet de vous faire marcher, de vous envoyer balader et parfois même de vous mener à vélo… Ils n’ont pourtant que de bonnes intentions ! Les greeters pour Séné (GPS) sont habitants de longue date, ou non, de la commune et partagent un goût certain pour leur lieu de vie et les relations humaines. C’est en proposant généreusement de partager un petit bout de chemin avec des touristes ou habitants du coin qu’ils transmettent, en toute subjectivité, leur attachement pour leur territoire et leur amour pour son patrimoine exceptionnel. Avec les greeters, pas de circuit officiel, chacun propose la balade qui lui ressemble : « L’idée surtout, c’est que les gens se rencontrent, discutent, et bien souvent le baladeur finit par inviter ses baladés à boire un verre ! », se réjouit-on à la mairie qui soutient et défend cette démarche participative. Alors, quand Jean-Paul conte les légendes de Barrarac’h, Pascal embarque ses visiteurs à pied découvrir l’île de Boëde. Bruno, lui, a choisi de proposer une balade à vélo histoire de faire le tour de la question en une après-midi ! Et c’est réussi : au fil des villages, Bruno s’extasie de ces petits coins pleins de vie, il dégaine ses jumelles pour observer les nids d’échasses dans les marais et ajoute son grain de sel à l’histoire locale en passant devant la réserve naturelle. Sans compter qu’il connaît les plus belles plages… Un GPS qui fonctionne à l’énergie humaine, ça vaut le détour !
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www.sene.bzh/les-incontournables/les-greeters
Rendez-vous sur nos réseaux sociaux pour découvrir l’île de Boëde à pied avec l’un des greeters de Séné.
L’art de découvrir l’île
D’étonnantes constructions de bois parsèment l’île d’Arz, guidant le visiteur de belvédères en nids d’oiseaux géants. Entre les criques et maisons de marins de la petite île au charme verdoyant, l’art se révèle et vient sublimer le charme naturel des éléments.
Comblé par les sept installations de son invité, l’artiste Daniel Buren en 2022, la municipalité réitère sa proposition en conviant, cette année le plasticien japonais Tadashi Kawamata, reconnu mondialement pour ses structures monumentales. « Nids et cabanes », l’exposition d’art contemporain s’explore, ou se vit au quotidien pour certains, de manière habile et ludique. « Les visiteurs sont invités à expérimenter des situations qui nous rappellent l'enfance, les jeux de constructions, la fabrication de cabanes dans les arbres, de nids pour les oiseaux… », indique Joël Benzakin, commissaire de l’exposition. À moins d’être une mouette, le seul ticket d’entrée de cette exposition à ciel ouvert est celui des navettes.
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www.mairie-iledarz.fr
Le sujet qui fâche
Sur les réseaux, à l’accueil, par téléphone ou sur le terrain, certains sujets qui froissent reviennent souvent lors de nos échanges. Nous y répondons.
« POURQUOI MODÉRER L’ACCÈS À CERTAINS SITES MÉGALITHIQUES ? »
Marqueurs de la modification des paysages, notamment de la montée des eaux et témoins de l’organisation des sociétés néolithiques, nos mégalithes constituent un héritage d’une inestimable valeur mais aussi d’une grande fragilité. La candidature au patrimoine mondial des Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan, portée par Paysages de mégalithes et soutenue par l’agglomération entend reconnaître la valeur universelle exceptionnelle de ce patrimoine et garantir sa préservation.
Loin d’une mise sous cloche, la protection passe par la valorisation et l’appropriation collective. Le tumulus de Tumiac à Arzon, par exemple, par sa hauteur majestueuse de 15 mètres, constituait un lieu de balade au panorama grandiose. C’est pour le préserver de l’érosion des pas et rappeler sa fonction funéraire qu’un aménagement paysager du site a été entrepris. Léger, il permettra de cheminer à distance du tombeau, tout en ayant un point de vue privilégié sur celui-ci et il sera accompagné de panneaux interprétatifs. Le livret « Le sentier des mégalithes d’Arzon » édité cet été, permet également la découverte de ce monument par des randonnées pédestres ou à vélo.
La dynamique est la même pour le site du dolmen de La Grotte à Toulvern, sur la commune de Baden où est prévu un aménagement léger, invitant le visiteur à faire le tour de ce cairn, recouvrant deux tombes à l’architecture tout à fait exceptionnelle.